Il y presque exactement un mois, je publiais cet article suite aux attaques de Charlie Hebdo .

Quelques jours seulement après la tragédie, nous étions déjà nombreux à nous douter que l’arsenal gouvernemental allait se mettre rapidement en route, pour « nous protéger du terrorisme » et « sauvegarder nos libertés ».

Certains parlaient d’ailleurs déjà d’un futur « Patriot Act » à la française.

Et bien voilà. Il n’aura fallu que trois petits mois seulement pour que cela se mette en place ; l’assemblée nationale est depuis hier en train d’examiner le « projet de loi relatif au renseignement ».

Nous critiquons depuis maintenant des années les programmes de surveillance de masse de la NSA, révélés par Edward Snowden, et voilà que l’équivalent est en train de se mettre en place chez nous, et il faut bien l’admettre, dans l’indifférence quasi-générale.

Pourquoi donc ? Cela n’intéresse vraiment personne ? Les grilles de programme des TV et radios sont trop encombrés avec leurs interviews quotidiennes des représentants du Front National ? Est-ce trop complexe à comprendre ?

Je t’invite vraiment, si tu es très courageux à te pencher sur le texte du projet de loi , si tu l’es un peu moins à consulter l’un des nombreux articles qui a présenté le sujet. Une recherche rapide sur ton moteur de recherche préféré te donnera pas mal de références. Pourquoi pas celui-ci sur francetvinfo plutôt clair et complet.

Mais pour faire encore plus court :

Quelques problèmes posés par la loi sur le renseignement


Des mouchards partout

Piratage des systèmes informatiques, système d’interception des communications, géolocalisation… et autre joyeusetés, seront désormais légalisés pour les services de renseignements.


Tous suspects ?

Des informations pourront être recueillies pour des éléments concernant aussi bien la défense nationale, la prévention du terrorisme, de la criminalité… mais aussi « des intérêts majeurs de la politique étrangère », ou encore « les intérêts économiques industriels et scientifiques majeurs de la France ».


Des « boîtes noires » chez nos FAI

Des algorithmes opaques pourront être installés au coeur des entreprises nous donnant accès à Internet, laissant libre-court à l’interception en masse de nos données personnelles.


Le tout… sans l’intervention d’un juge

C’est le pouvoir exécutif qui peut décider de la surveillance de personnes, même sans élément à charge. Il suffira simplement d’être entré en contact avec une personne suspectée pour pouvoir être espionné.

Tu imagines bien qu’un tel projet de mise sous surveillance de masse du pays a rassemblé l’ensemble des députés à l’Assemblée Nationale, pour des heures de débats intenses et houleux.

Enfin… presque :

Oui oui, un hémicycle presque vide, et une conclusion qui se profile déjà sans trop de résistance, puisque majorité et opposition parlent d’une même voix.

Mais tout le monde est d’accord alors ?

Pas tout à fait.

La liste des opposants est longue, parmi lesquels de nombreuses associations bien connues comme la Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International, Le Syndicat des Avocats de France, Le Syndicat de la Magistrature, Reporters Sans Frontières, La Quadrature du net, l’APRIL… et plein d’autres .

Les plus gros services d’hébergements de sites web français menacent même de quitter le pays .

De grands médias américains espèrent que notre nation ne va pas faire la même erreur que la leur .

Que faire alors ?

Tu penses que tu n’es pas concerné ?

Je t’invite à faire ce petit quizz plutôt bien fait sur Libération .

Face au rouleau-compresseur législatif en marche, le combat semble presque perdu d’avance. Mais il serait dangereux de se contenter de se résigner.

Tout cela remet plus que jamais en perspective le fossé qui se creuse avec nos dirigeants .

Tout cela devrait nous inciter à nous intéresser toujours plus aux moyens de protéger notre liberté sur Internet .

Je conclurai avec cette citation trouvée sur cette tribune de la Quadrature du Net , la définition d’un Etat policier selon Raymond Carré de Malberg :

L’État de police est celui dans lequel l’autorité administrative peut, d’une façon discrétionnaire et avec une liberté de décision plus ou moins complète, appliquer aux citoyens toutes les mesures dont elle juge utile de prendre par elle-même l’initiative, en vue de faire face aux circonstances et d’atteindre à chaque moment les fins qu’elle se propose : ce régime de police est fondé sur l’idée que la fin suffit à justifier les moyens.

>>> Source @ http://coreight.com/content/nous-sommes-sous-surveillance