Un des traits marquants de l’émergence du logiciel libre est sans aucun doute le silence (relatif) quasi complet dans lequel elle s’est développée. Quand Richard Stallman lance le projet GNU en 1983, puis écrit la première version de la GNU Public Licence (GPL) en 1989, une nouvelle ère s’ouvre, dans le silence, sans heurts, sans lutte, sans guerre.
Si tentatives de guerre il y a eu, elles ne provenaient pas des libristes qui construisaient leur oeuvre, ils n’ont pas exigé des tenants des logiciels non-libres qu’ils libèrent leur code, ils n’ont pas engagé de « mouvement » pour faire plier autrui à leurs propres vues, ils ont réalisé eux-mêmes ce qu’ils voulaient voir advenir : des logiciels sous licence libre, qui aujourd’hui forment l’ossature de 99% d’internet, qui aujourd’hui permettent à tout homme d’être autonome en informatique en s’équipant de système d’exploitation libre et de logiciels libres sans que le monde le sache forcément 31 ans plus tard, en 2014.
Beaucoup sont donc libérés et, en se libérant, ils participent directement du développement des logiciels libres, ne participent pas du développement des logiciels non-libres, et contribuent ainsi par leur propre libération à libérer autrui sans lui imposer cette possibilité.
Le développement des sciences n’a pas procédé autrement si l’on se réfère par exemple àGalilée, ce n’est pas en forçant les tenants d’Aristotes à changer, ni même en organisant une « opposition » que les esprits ont changé. Mais lentement, dans le silence, les hommes ont suivi le chemin tracé par Copernic et Galilée, vérifié, développé les instruments, et sont arrivés aux mêmes conclusions, sans passer par aucun « débat », mais par la force de la raison, de l’effort, et de la vérification expérimentale.
Alors qu’en est-il de la sécession ? Les sécessions réussies elles aussi se déroulent sans bruit, sans « opposition », sans « débat ». Avec la force de patience, de la raison, de l’effort, et de l’expérience, des hommes établissent une autre façon de vivre, et de nouvelles règles sociales se développent alors ainsi progressivement dans le silence, sans s’imposer à ceux qui ne les mettent pas en pratique.
La destruction ne produit que la destruction.
La violence ne produit que la violence.
Celui qui vit par l’épée périra par l’épée.
On ne fait pas disparaître la dictature par la dictature, on fait disparaître la dictature par la non-imposition de ses vues.
L’exemple souligné par la Théorie Relative de la Monnaie concernant ce sujet correspond à celui des Amishs. Il ne s’agit pas ici de se conformer à un exemple, mais de comprendre par l’exemple comment des Américains ont choisi de vivre de façon non-Américaine, sans avoir forcé les autres Américains à faire de même, sans avoir pensé devoir imposer leurs vues.
Alors donc, si de nouveaux espaces de comportements, infinis, s’ouvrent ainsi aux hommes, comme l’histoire nous l’enseigne, il est possible de les vivre maintenant, sans attendre, et sans penser une seule seconde qu’il faille convaincre les autres hommes de faire de même par le « débat », le « consensus » ou le « compromis ».
Si des hommes sont d’accord alors ils produisent l’agrément.
Il y a un temps pour l’éveil, un temps pour l’indignation, un temps pour la réflexion, un temps pour l’expérience… On ne se libère pas par la parole, par le « débat », par le « consensus », par le « compromis ». On se libère et on libère autrui en se débarrassant soi-même des non-libertés par ses propres choix et actes, et seule l’expérience est juge de paix.
Oui, une sécession libre est donc possible, maintenant, sans nuire à l’existant, et sans attendre, c’est l’expérience qui le montre.
>>> Source sur : http://www.creationmonetaire.info/2014/12/du-libre-et-de-la-secession.html